Attention au séneçon
Le Séneçon jacobée (Jacobaea vulagris) est une plante bisannuelle à vivace, originaire d’Europe de l’Ouest. Largement répandu, il est facilement reconnaissable à ses feuilles crénelées et à sa hampe florale de 40 à 120 cm arborant de nombreuses petites fleurs jaunes. Tout comme son cousin le Séneçon du Cap (Senecio inaequidens) – espèce exotique envahissante originaire d’Afrique du Sud – le Séneçon jacobée est une plante riche en alcaloïdes dont la consommation peut s’avérer toxique voire mortelle pour le bétail.
Séneçon jacobée (Jacobaea vulgaris) & Myrtil (Maniola jurtina)
Tant que la plante est fraîche, le risque d’intoxication est limité car le goût amer de la plante rebute la plupart des herbivores (attention toutefois lorsque les animaux sont contraints à consommer les refus par manque de ressource fourragère). Une fois coupé et séché, le séneçon conserve sa toxicité mais perd son goût et sa couleur … il n’est alors plus reconnaissable par les animaux et est très dangereux dans le foin. L’ingestion des alcaloïdes provoque une perte de la fonction hépatique (foie) ainsi que des troubles cardiaques, nerveux et digestifs. Les équins et bovins y sont particulièrement sensibles et dans une moindre mesure les ovins et caprins. La dose létale est d’environ 5% du poids vif de l’animal. L’intoxication peut être aigüe (en une seule dose) ou chronique par accumulation du poison dans le foie. Quelques grammes de séneçon dans le foin sur plusieurs années sont donc suffisants pour provoquer la mort. Il n’existe par ailleurs aucun traitement.
La présence de Séneçon jacobée peut rapidement s’avérer problématique. D’affinité rudérale (liée aux friches), cette plante est peu compétitive et affectionne les milieux perturbés où le peuplement végétal est peu dense ou lacunaire (surpâturage, piétinement, tassement du sol par les engins agricoles). Une attention particulière à la bonne gestion des prairies est donc un premier axe pour réduire le risque d’envahissement.
De manière curative, l’arrachage manuel de la plante avant floraison apparait comme la seule solution réellement efficace. Le séneçon pouvant produire plusieurs milliers de graines très volatiles, il est conseillé d’intervenir rapidement et en exportant les plantes hors des parcelles. Malheureusement fastidieuse, cette opération peut être à répéter plusieurs années avant d’observer une amélioration.
Malgré ces risques sanitaires, le Séneçon jacobée n’est pas pour autant dépourvu d’intérêt. Très mellifère, il offre le couvert à de nombreux pollinisateurs et auxiliaires des cultures et est aussi la plante-hôte exclusive de plusieurs papillons de nuit dont l’élégante Goutte-de-sang.