Paroles de gestionnaire : Christian Charlier et Robert Luche éleveurs sur la vallée du Gers

 

Les deux gagnants du Concours Prairies Fleuries 2017 ont été interviewés pour nous parler de leur système d'élevage et nous faire un retour sur leur participation au concours.

Deux systèmes basés sur la culture de l’herbe
M. LUCHE, éleveur à Castin,  s’est installé en 1988 avec un troupeau de blondes. Les broutards qui partaient en Italie. A l’issue de deux arrêt maladies, il a dû diminuer le cheptel et racheté des gasconnes, 2,5 moins chères.
« J’ai donc commencé à avoir un troupeau mixte puis 100% gascon ! Aujourd’hui, je cultive 77 hectares de prairies, majoritairement des prairies permanentes et un peu de luzerne. J’achète des céréales à des céréaliers du coin pour les vaches en finition seulement. Sinon le reste c’est tout à l’herbe, foin et paille avec un peu d’enrubanné pour les nourrices. »
Les animaux sont commercialisés sous label et une partie des veaux en vente directe.  
« Les carcasses sont plus légères et le prix moins élevé que pour les blondes, mais en jouant sur le nombre de veaux par vache par an, le chargement etc… j’arrive à me dégager, sans faire de folie, un revenu. Ça me permet de vivre.  Ma stratégie globale reste de minimiser les charges et de faire jouer la proximité.
Le lieu dit s’appelle « la prade » en occitan qui signifie « la prairie ». Le ton est donné bien que dans les coteaux autour, le cheptel bovin a bien diminué. Les agriculteurs ont tout mis en céréales et sont partis travailler comme doubles actifs. »

M. CHARLIER, éleveur à Masseube, s’est  installé en 1987 sur l’exploitation familiale de 25 hectares avec un atelier de gavage. En 2000, au décès de son père, il a arrêté le gavage et  pris un travail de salarié à mi-temps à l’extérieur. Il continue l’élevage avec un troupeau à 23-24 mères et un objectif de 27 l’année prochaine.
« J’habite dans les coteaux assez escarpés du sud du Gers, ces terres ont été délaissées il y a plusieurs dizaine d’années au profit des terres de plaines. Je suis donc entouré de beaucoup de bois.
Les vaches c’est pour moi un capital sur pied qui permet d’amortir les coups durs. Elles sont au fil, je leur donne une taille d’herbe tous les jours et je commence à leur donner exclusivement du foin au champ à partir de fin août. Je leur donne de l’aliment que je produis seulement l’hiver à l’étable. »

Pour M. Charlier l’objectif minimum est que l’exploitation soit auto-suffisante financièrement. Il s’assure un revenu à côté en travaillant à l’extérieur. Sinon, il lui faudrait agrandir l’exploitation et y rester à plein temps, ce dont il n’a pas envie.  
 «  Je dis souvent aux agriculteurs d’aller pédaler ailleurs. Moi j’aime bien me plaindre sinon je ne serais pas paysan car aller voir ailleurs cela permet de rencontrer des gens d’autres milieux, de voir d’autres problèmes et de se constituer un réseau d’entre-aide, c’est important. »

Les deux éleveurs ont contractualisé la MAEC : « Système Herbager Pastoral (SHP) »

M. LUCHE : «L’Accueil à l’ADASEA fut très sympathique, ce n’est pas le cas dans tous les organismes agricoles.  
La MAEC SHP qui j’ai contractualisée ne me change pas grand chose, elle est adaptée à mes pratiques. Ces mesures là, il faudrait qu’elles soient prolongées sur du long terme et avec un montant plus élevé. Pourquoi? Parce que toutes nos charges augmentent (cotisations sociales, carburant , engrais, impôt foncier …) alors que le prix de la viande stagne de puis 15 ans.
Avant, je vivais sans les MAECs, mais cela me conforte dans mon travail de savoir que je suis appuyé dans mes pratiques par la société à travers ce dispositif.
Les gens pensent que les prairies c’est beau, c’est magique mais il ne se rendent pas toujours compte que maintenir ce paysage cela demande du travail. Je broie, j’élague les haie, les ronces, les joncs.  La somme de la MAE, je l’ai investie dans un broyeur cette année. »

M.CHARLIER : « J’ai connu l’ADASEA en 1998 qui m’a aidé à monter un dossier de subventions pour ré-ouvrir des landes et restaurer des prairies.
En 2016, j’ai contractualisé une mesure SHP. C’est pas mal, ça ne modifie pas ma façon de travailler . Cela l’appuie et la conforte justement. Je ne prends pas l’aide par plaisir non plus mais je ne peux pas faire autrement. Soit on revalorise les prix et on double le prix des bêtes et on se passe des aides. L’aide MAEC  me permet d’entretenir des parcelles que je n’aurais pas entretenues vu le temps que j’y passe.»

Gestionnaires de prairies humides et/ou inondables…

M. LUCHE : « J’ai deux hectares de prairies vraiment humides. En tant que paysan, je ne pourrais pas vivre si j’avais tout en zone humide, car ce n’est pas mécanisable. Il y a beaucoup de joncs qui ont une valeur alimentaire faible, mais pour tout ce qui est environnemental et biodiversité, je reconnais que c’est intéressant.
Aussi, le service que je rends, c’est pour le camping en aval car les méandres du ruisseau sont conservés, ils permettent de freiner l’eau et la zone humides en stocke une partie. L’effet écologique est  garanti.
J’ai aussi des prairies inondables et là c’est autre chose. Le rendement est moindre que les autres prairies mais la repousse est rapide. En année normale, je la fais pacager tout les mois de mai à octobre. Après, il faut faire tourner les animaux régulièrement. On se le gère, c’est le  bon sens paysan quoi.»

M. CHARLIER : « J’ai plutôt des milieux secs hormis les prairies de bas-fond qui sont des prairies de fauche où je fais pâturer le regain.
J’ai une prairie inondable que j’ai remise en état. Elle borde une lisière où il y a un ruisseau. Cette prairie, je la fauche en dernier et malgré le temps, elle a toujours un rendement assez stable.»

Lauréats du Concours Prairies Fleuries 2017 !

M. LUCHE, gagnant dans la catégorie « pâture »
« Pour le concours des prairies fleuries, je me suis dis pourquoi pas, car quand le technicien était venu, il avait trouvé pas mal de choses.  L’expérience a été positive, j’ai appris des choses notamment que les petits faisans et perdreaux se nourrissait des œufs de fourmis, abondants dans les prairies permanentes, mais aussi qu’il y avait 53 espèces végétales différentes sur la parcelle.
Le jury était sympathique et compétent dans leur domaine. Moi qui vois la prairie tous les jours, ça m’apporte un autre regard. J’en garde un bon souvenirs et la remise des prix à Gimont était sympa.»

M. CHARLIER, gagnant dans la catégorie « fauche »
« Le technicien de l’ADASEA, M. Sancerry m’a proposé de participer au Concours Prairies Fleuries. J’étais un peu sceptique, car cela impliquait d’attendre le passage du jury fin mai pour faucher… Finalement je m’y suis lancé et c’était une bonne expérience.
C’est une petite fierté en plus d’avoir gagné quand même. De savoir que ma prairie est jolie et équilibrée sur les différents critères, c’est valorisant. »

 

(A gauche M. Luche et à droite M. Charlier)

Les deux lauréats départementaux vont concourir pour la finale nationale.
 La remise des prix se fera au Salon International de l’Agriculture 2018 à Paris!

 

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