Paroles de gestionnaire : Cyril Duffaut céréalier et gestionnaire

 

Installé depuis 2001 sur une l’exploitation à cheval sur les communes de Gimont et Escornebœuf, Cyril Duffaut est céréalier et gestionnaire de 10.5 hectares de prairies inondables le long de la Marcaoue (affluent de la Gimone).

« La rivière, on doit faire avec, je cultive des parcelles de part et d’autre sur près de deux kilomètres ! Je me suis installé en 2001 sur 24 hectares. Aujourd’hui, après la création d’une EARL en 2010, j’exploite 127.5 hectares avec la production de céréales d’hiver (orge, blé dur et blé tendre) et de cultures de printemps (tournesol, maïs semence, soja, tabac, pois-chiche semence). Le reste, soit 10.5 hectares, ce sont des prairies naturelles inondables. Ce sont de petites parcelles entourées de haies le long de la Marcaoue.

 

La première rencontre avec l’ADASEA s’est faite en 2007 dans le cadre d’une étude sur les prairies alluviales de la Gimone en lien avec la problématique des crues. J’ai été recensé et intéressé par le projet de bassin d’expansion de crues dans un premier temps, la gestion des prairies humides est venue un peu plus tard.
Ces prairies de bord de cours d’eau étaient en gel depuis 1992 et broyées toutes les années ou récoltées une à deux fois tous les cinq ans quand il n’y avait pas de crue tardive. Les premières Mesures Agro-Environnementales (MAE) avec retard de fauche au 15 juin contractualisées sur l’exploitation datent de 2013. Elles concernaient des prairies existantes. L’année d’après, nous avons subi deux crues consécutives. Les dégâts provoqués sur des parcelles cultivées en bord de cours d’eau  m’ont poussé à convertir environ 4 ha en prairies grâce à une des mesures MAEC. En 2016, un de  mes bailleurs m’a vendu sa propriété où il y avait, en plus des terres arables, 2.5 hectares de prairies qui se sont ajoutées à celles que j’avais déjà mais elles sont à remettre en état ce que je commence à faire.
    
En ce qui concerne le cahier des charges MAE sur les prairies, je le trouve plus adapté pour les éleveurs que pour les céréaliers. En effet, pour un céréalier, l’export systématique de l’herbe de la parcelle peut être compliqué si jamais il n’y a pas d’éleveur dans le coin. Pour l’instant ce sont deux éleveurs qui font le foin sur mes parcelles mais cela reste un contrat précaire d’une année sur l’autre.
C’est pourquoi j’ai participé à une réunion sur le projet de créer une filière de foin issu de prairies inondables porté par l’ADASEA dans le cadre du Groupe Opérationnel. Cependant, il va falloir être prudent si nous commençons à nous engager sur des rendements en foin annuels car si on monte la filière et qu’une année il y une grosse crue cela va être très compliqué.

Plus globalement, pour ce qui est du maintien des prairies inondables, vis à vis de la biodiversité et de l’expansion des crues il n’y a pas mieux, je suis tout à fait d’accord. Mais réussir à les gérer de manière optimale demande du temps pour se former.  Pour ma part, en plus de la fauche annuelle, je broie à l’automne mais je n’ai pas de recul pour savoir si c’est la meilleure des gestions. Même si dans mon cas ce n’est pas ma priorité (je suis ferme pilote éco-phyto et fais des essais avec d’autres organismes agricoles sur les couverts végétaux et les fongicides), je veux bien connaitre les bases de la gestion des prairies naturelles. Il me semblerait pertinent d’organiser une formation où des éleveurs nous disent comment gérer ce type de production, quels sont les critères de qualité qu’ils souhaitent et quelles sont les pratiques pour y arriver.

Aussi, nous avons également engagé du linéaire de haie avec la mesure pour l’entretien et grâce au diagnostic fait sur l’exploitation, nous avons intégré une mare présente dans un bout de parcelle converti en prairie. Il y a pas mal de batraciens et quelques écrevisses grises.

Pour finir, les prairies étaient une charge : depuis 1992 alors que les terres étaient en gel, elles ne nous ont pas fait gagner d’argent mais il fallait quand même en faire quelque chose. Les choses évoluent dorénavant, ce coût est atténué grâce aux MAEC proposées par l’ADASEA. Cela permet de compenser l’engagement et l’effort fournis pour entretenir ces parcelles qui ne sont toujours pas rentables mais ont une valeur patrimoniale forte.

 

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